En 2024, si on compte les boîtes aux lettres, les ministères chargés des territoires, écologie et logement ne sont plus les principaux utilisateurs de ce qui était à l’origine le webmail du ministère du développement durable. Entre-temps la plateforme est devenue un véritable bureau numérique, même si beaucoup d’utilisateurs n’en utilisent aujourd’hui qu’une petite partie.
L’évidence conduisait donc à introduire le nom du produit dans son adresse web avec un nom court compatible avec les conventions de nommage interministérielles et les réseaux de connexion, Intranet et Internet. C’est le moment idéal pour expliciter pourquoi bnum.din.gouv.fr a été assemblé.
Comment est-ce une innovation disruptive
Tous les lecteurs du bestseller de Clayton Christensen « Le dilemme de l’innovateur » (1997) où il développe déjà sa théorie de l’innovation disruptive savent que la tendance naturelle des fournisseurs informatiques consiste à enrichir leur produit au-delà des besoins des clients en profitant dans un premier temps de leur capacité à utiliser leur base installée pour conforter leur marge. Il explique ainsi comment IBM qui a pourtant créé le « PC » premier modèle du genre s’est fait doubler par son (petit) fournisseur d’un OS incomplet à l’égard de ce qui se faisait de mieux à l’époque (Unix existait déjà…). Aujourd’hui Microsoft365 n’est qu’une étape supplémentaire dans l’extraction d’une rente créée il y a 30 ans, avec la connivence involontaire des DSI dans un premier temps. Pour se convaincre de la force du mécanisme d’intégration, il est utile de lire les mémoires de Steve Sinofski, product manager choisi par Bill Gates pour la première version de la suite, Office 95.
A l’inverse, Clayton Christensen invite à chercher l’innovation dans les « underdogs », les offres qui sont aujourd’hui imparfaites et se contentent de niches comme les clients moins riches mais qui deviendront des solutions économiques par simple maturation. Aujourd’hui le marché du particulier est largement plus compétitif que celui des entreprises. Même Microsoft le reconnaît à travers la tarification de ses packs Office. Si l’on est lucide ou simplement observateur des prix et des coûts, Google Workspace est l’underdog de Microsoft 365 et les solutions Open Source Nextcloud / Collabora sont comme d’habitude l’underdog des offres propriétaires.
Dans l’IA, tout le monde observe les progrès des giga-modèles LLM disponibles dans le « cloud » mais il est possible que l’avenir appartiennent à des modèles plus petits et spécialisés, frugaux diraient certains, qui pourront tourner dans les smartphones et les portables avec des processeurs mis au goût du jour (NPU).
Un nouvel environnement
Le pôle ministériel a donc besoin d’un bureau numérique simple, qui s’inscrive dans la durée, mais qui couvre toutes les combinaisons d’usage. Loin de pouvoir toujours compter sur un environnement intégré où le même ministère fournit le PC, le réseau et les applications, des agents peuvent être dotés en matériel par l’ATE ou une collectivité, se connecter via Internet pour le télétravail, depuis un smartphone pro voire un équipement BYOD pour éviter la multiplication des terminaux et leurs impacts environnementaux.
L’ensemble de ces observations et analyses a conduit le Bnum à être multisupport. Web d’abord pour bénéficier d’un accès « universel », interopérable avec le maximum de protocoles, de formats ou de terminaux pour permettre à chaque utilisateur d’exploiter au mieux les matériels à sa disposition. L’accès depuis les smartphones est tout particulièrement soigné car il faudrait être aveugle pour ne pas voir que c’est dans cette direction que se déplacent les usages.
Collaboratif à plus d’un titre
Un bureau numérique se doit aujourd’hui d’être collaboratif, sans faire table rase du passé et des capacités éprouvées d’interopérabilité de fichiers. Par exemple, dans la crise provoquée par la fermeture d’urgence de la tour Sequoia, premier établissement du pôle ministériel avec plus de 2000 occupants, notre secrétaire général a souhaité mettre en place une bourse d’échange des bureaux non occupés dans la Grande Arche en cette période estivale et de Jeux Olympiques.
Pour reprendre son expression, le Bnum a fourni un « simple tableau Excel », au détail près qu’il était éditable par plusieurs personnes en simultané et avec des centaines de contribution sur la semaine.
Grâce à la co-édition, on peut dès aujourd’hui réviser des comptes-rendus, sans transmission de pièce jointe, ou encore corédiger à plusieurs des notes de réunion en direct.
On peut bien sûr utiliser le Bnum comme un répertoire partagé de stockage de tout type de fichiers.
Les moyens de communication (email, annuaire, webconf, tchat) forment le cœur du Bnum avec des espaces de stockages partagés (Nextcloud) et les modules de coédition (Collabora). Avec ces primitives et des hyperliens, on peut réaliser des bases de connaissances quasi-wiki, des « CRM » ou des tableaux de suivi partagés dont la bourse des bureaux n’est qu’un exemple circonstanciel. C’est par la bande que nous avons appris que le CROSS Gris-Nez utilisait déjà le Bnum pour partager des tableaux de suivi de bateaux circulant sur la Manche avec les forces de Police et de Douanes des pays frontaliers. A chacun de se l’approprier.
Lancement
Courant décembre, bnum.din.gouv.fr va remplacer le domaine mel.din.developpement-durable.gouv.fr. Aujourd’hui le premier renvoie sur le second, ce sera l’inverse.
Une campagne « 24 astuces avant les fêtes » sera lancée pour mieux faire connaître les usages innovants du Bnum par de courts tutoriels. Ces capsules vidéo ne s’adressent pas qu’aux nouveaux arrivants mais à tous pour mieux s’approprier le potentiel d’outils réellement web et collaboratifs.
Enfin pour manifester que le Bnum est une porte d’entrée (même si le courrielleur traditionnel restera disponible et intégré pour ceux qui sont attachés), nous allons ajouter une icône dédiée dans la barre des tâches des PC des parcs ministériels via ODAIM. Pour les nouveaux agents, cela leur permettra d’être à pied d’œuvre dès leur jour d’arrivée, avec un PC configuré au strict minimum et un couple d’authentifiants.